Pour comprendre la création monétaire par les banques commerciales, il faut comprendre leur bilan comptable. Etudions cela ensemble, de manière interactive !
Tout d'abord, pour ouvrir une banque, il faut un capital de départ (Quelques millions d'€ et l'accord de l'ACPR, entre autres). Pour l'exemple, imaginons un capital de départ de 20€.
Externe à la banque :
Actif (ce que la banque a + ce qu'on lui doit) :
Passif (ce qu'elle doit) :
Produits à recevoir :
Limites :
La monnaie centrale, ou monnaie de Banque Centrale, sont les vrais €. Elle existe sous deux formes : sous forme physique (les pièces et les billets), et sous forme numérique dans des comptes à la Banque Centrale Européenne (BCE). Seules les banques commerciales sont autorisées à avoir de tels comptes. Une banque commerciale peut commander des pièces et des billets (pour ses distributeurs par exemple), et verra donc son compte à la BCE être réduit du montant des pièces et billets commandés. Ici, "Monnaie centrale externe" représente la monnaie centrale sous forme physique ou bien possédée par les autres banques commerciales.
Les capitaux propres, c'est la partie des actifs que la banque possède (que possède ses propriétaires et actionnaires donc).
Votre premier client est là ! Tester la nouvelle action "Dépôt d'un client".
Lorsqu'un client vient faire un dépot (ou un débit), c'est de la monnaie centrale qui est ajoutée (ou retirée) au compte de la banque à la BCE, et le montant apparait (ou disparait) aussi dans le passif car c'est de la monnaie que doit la banque à son client. Soit le client fait un dépot de pièces et billets (c'est bien de la monnaie centrale), soit c'est un virement depuis une autre banque. Dans ce cas, le virement est en fait réalisé entre les deux comptes des deux banques à la BCE (donc aussi de la monnaie centrale). A coté de cela, ce qu'un client voit apparaitre sur ses comptes, c'est le montant au passif. Ce n'est pas de la monnaie, c'est une promesse de monnaie.
Vous pouvez jouer avec les action "Dépôt d'un client" et "Débit d'un client".
Pour le débit, on parle ici d'un client qui retire de la monnaie centrale dans un distributeur, ou un client qui fait un virement vers un compte d'une autre banque. Dans ce deuxième cas, l'autre banque n'en a rien à faire d'une promesse de monnaie, elle veut de la vraie monnaie, de la monnaie centrale.
Par contre, si un client fait un virement vers un compte dans la même banque, c'est complètement transparent pour la banque !
Un de vos clients voudrait contracter un crédit ! Tester la nouvelle action "Accorder un crédit".
Lorsqu'un client contracte un crédit (ou rembourse le principal de ce crédit), le montant de ce crédit apparait (ou disparait) dans l'actif de la banque, car le client doit ce montant à la banque. Le client voit également ce montant apparaitre (ou disparaitre) de ses propres comptes, donc au passif. Pour les intérêts, ça n'est pas un stock mais un flux. Ils n'apparaissent donc pas au bilan comptable, mais dans le compte de résultat (visible ici dans "Produits à recevoir"). Ici dans notre exemple, les intérêts sont du même montant que le principal. C'est possible avec un prêt de 2.8% pendant 25 ans, ou un prêt de 2% pendant 35 ans par exemple.
On se rend compte ici que derrière chaque prétendu "€" sur le compte bancaire d'un client (dépôts) ou sur le compte bancaire de la banque même (capitaux propres), se cache en fait soit des vrais € (monnaie centrale), soit une dette (les crédits). C'est pour cela que l'on peut parler de l'€ comme étant une monnaie-dette (Pire que ça, nous verrons dans une prochaine partie que les vrais €, la monnaie centrale, est en fait aussi une monnaie-dette, celle de la BCE !).
Vous pouvez jouer avec les action "Accorder un crédit" et "Remboursement du principal".
Que se passe t-il si vous acceptez pleins de crédits, et que vos clients enchainent les débits, mais qu'il vous reste des dépôts à honorer ? Essayez !
Un crédit vient rarement sans intérêt à payer à la banque ! Tester la nouvelle action "Paiement des interêts" (Vos clients doivent avoir un compte non vide).
Lors du paiement des intérêts, les clients voient le montant de leurs comptes diminuer. Le principal de leur crédit est toujours là, ils doivent toujours rembourser ce montant à la banque. En fait, c'est la banque qui récupère ces intérêts dans ses capitaux propres.
Mais la banque a aussi des dépenses : des salaires, des dividendes, et diverses charges. Dans ce cas, ce sont ses capitaux propres qui diminuent. Si celui qui recoit le montant de ces dépenses à son compte dans la même banque (dépense interne), il voit le montant de son compte augmenter. Par contre, si celui qui reçoit le montant de ces dépenses a son compte dans une autre banque (dépense externe), c'est un virement en monnaie centrale qui est réalisé, car l'autre banque veut de la vraie monnaie, pas une promesse.
Mais que se passe t-il si un de vos clients ne peut pas rembourser et fait défaut sur son crédit ? Tester la nouvelle action "Défaut d'un client sur un crédit" (Il doit y avoir un crédit en cours).
Si un client ne peut pas rembourser son crédit et fait défaut, ce sont les capitaux propres de la banque qui sont impactés.
Que se passe t-il si vous perdez tout vos capitaux propres mais que vous encore avez des crédits en cours ? Essayez !
Afin de se prémunir contre ce scénario, la banque peut mettre en place un recouvrement de dette : Elle utilisera les moyens légaux pour saisir une partie du patrimoine du client si il existe (ce qu'il a acheté avec son crédit par exemple), afin de le vendre à un autre de ses clients (en interne), ou à un client d'une banque concurrente (en externe).
Dans le cas d'un défaut de paiement sur les intérêts, cela n'impacte pas les capitaux propres de la banque. C'est un profit en moins, mais qui peut également amener à un recouvrement de dette.
On voit donc bien que si une banque ne dépense pas tout les intérêts perçus, les clients n'ont pas le choix, ils vont obligatoirement devoir faire défaut sur leur dette, et les banques pourront saisir leur patrimoine afin de le revendre et s'enrichir.